lundi 26 juillet 2010

The Crazy Family – Sogo Ishii

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Le cinéaste japonais Sogo Ishii était l’invité d’honneur du festival international du film fantastique de Neuchâtel (NIFFF). L’occasion de découvrir en présence du réalisateur des films plus déjantés les uns que les autres, injustement méconnus dans nos contrées, à l’image de The Crazy Family, long-métrage de 1984 dont la seule pellicule 16mm au monde nous a été projetée dans la petite salle du théâtre du passage spécialement aménagée pour l’évènement.

Inutile ici de se détacher des bons vieux clichés : les japonais sont durs à la tâche, à tel point qu’ils finissent souvent par devenir un peu fous, voire kamikazes ou simplement suicidaires. Ce n’est pas Monsieur Ishii qui dira le contraire, qui s’en prend ici à coups de plans rapides sur fond de guitares saturées à une vieille institution censée apporter soutien, bien-être et réconfort, mais qui dans les faits peut vite se muter en un cauchemar inextricable, et pour cause : on ne choisit pas sa famille. Et si The Crazy Family caricature certains pans typiques de la culture nippone, cela n’empêche pas le spectateur du vieux-continent ou d’ailleurs de faire malgré lui des liens avec sa propre vie familiale, tant certaines prises de têtes semblent universellement partagées. Ou comment ceux avec qui vous partagez une bonne partie de patrimoine génétique peuvent soudainement vous apparaître comme des étrangers.



Dans la famille Kobayashi, je voudrais le père: un honnête homme, conciliant au possible, qui se tue au travail pour les siens et fait tout pour leur offrir des conditions de vie meilleures. Ainsi, après des années d’efforts, la famille quitte son HLM trop étroit pour emménager dans un pavillon moderne, symbole de la réussite familiale. Mais passé l’euphorie des premiers jours sous leur nouveau toit, un autre genre de folie contagieuse guette les Kobayashi… Le père assiste impuissant à la montée d’une étrange fièvre qui s’empare de tous: sa femme se met à faire des strip-teases devant les invités, son fils s’enferme nuits et jours dans sa chambre pour réviser, et sa fille rêve de devenir catcheuse professionnelle. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que débarque dans la foulée le grand-père un peu loufoque qui s’incruste dans le nouvel intérieur et tape vite sur les nerfs de tout le monde, à tel point que la famille va en faire le responsable du tohu-bohu ambiant, réclamant son départ imminent. Mais code de l’honneur et valeurs familiales oblige, papa Kobayashi ne peut décemment pas se résoudre à mettre son propre paternel à la porte, et trouve finalement une solution rocambolesque à tout leurs déboires : construire une chambre pour pépé, et ce sous le plancher, la maison étant devenue trop exiguë. C’est ainsi que, sûr de son coup, le père entame le parquet flambant neuf à coups de marteau-piqueur, sans se rendre compte que c’est en vérité le tombeau familial qu’il est en train de creuser. Et que c’est peut-être lui le plus fou de l’histoire. Bref, j’en ai déjà trop dit et laisse aux absents la surprise d’un final pas piqué des vers.

Un peu trop simplement qualifié de « punk », The Crazy Family sonne plus en réalité comme une satire un peu rock’n’roll mais bien ficelée d’une famille à la folie somme toute ordinaire. Alors si vous avez raté la séance du NIFFF parce que vous buviez des Hoegaarden, vous pouvez toujours vous rattraper grâce à la magie d’internet, le film étant disponible en six parties sous-titrées en français sur dailymotion (1 2 3 4 5 6). Yihaa !


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