dimanche 12 août 2012

Festival del film Locarno 2012


Chaque année en Août, la jolie ville de Locarno revêtit son plus bel ensemble léopard pour accueillir comme il se doit le festival del film.
Comme deux ans auparavant, votre intrépide chroniqueur s'est rendu sur la Piazza grande pour caresser de plus près le pelage d'un fauve tantôt docile, tantôt sauvage.

Laissons de côté le concours international (sorte de remake de Cannes), les stars montées sur tapis rouge (c'est bon pour l'image des sponsors), et les divers hommages aux grands noms du cinéma (Otto Preminger, Chris Marker) pour mieux nous concentrer sur ce qui constitue selon moi le véritable enjeu de ce festival tourné vers l'avenir : la section Pardi di domani, qui offre la possibilité à de jeunes pousses cinéphiles de venir s'épanouir sous le soleil Locarnesque en y présentant leurs premiers courts et moyens métrages. L'occasion pour le public de découvrir des futurs talents issus pour la plupart d'écoles d'art suisses pour ce qui concerne le concours national.


Mais autant vous dire tout de suite que si la perspective d'un tel programme faisait saliver votre humble chroniqueur toujours gourmand en avant-garde, le résultat n'a pas toujours été à mon goût, loin de là.
Là où j'attendais de la fraîcheur, de l'originalité, des prises de risques pour découvrir des nouvelles saveurs, je me suis trop souvent retrouvé face à une assiette froide et insipide avec un arrière-goût de déjà-vu.
Certes, les cinéastes en herbe connaissent leur affaire en terme d'image et de prise de vue, avec des mises en scène et des cadrages qui n'ont rien à envier aux pros. Mais c'est le fond, ou plutôt son absence qui pose problème. En effet, la jeune génération paraît muette, tant elle n'a visiblement rien à dire. On nous sert ainsi des navets endormants à souhait aux allures de telenovelas (On the Beach) ou d'ersatz de nouvelle vague (Les Ambassadeurs), quand il ne s'agit pas de fantaisies symbolistes contemplatives pompeuses et sans queue ni tête (Iamina). Bref, à peine sorti de l’œuf, la majorité de ces nouveaux auteurs semblent déjà périmés.

Tout n'est pas à jeter pour autant, mais on regrette vraiment le conformisme ambiant, le manque de rythme et l'écriture bâclée.

Pas chez tout le monde. Car un jeune homme vient contrebalancer mes propos. Peut-être parce qu'il sort tout juste de l'hôpital psychiatrique, il a ce grain de folie si rare dans cette sélection. Mais il ne se prend pas le chou pour autant. Au contraire, il nous raconte ses problèmes psychologiques sur un ton simple, drôle et touchant. Le sien.
Et ça marche. L'image à beau par moments être tournée avec un téléphone portable, on est pris dans l'histoire de Nathan Hofstetter, ce radio-actif accro à la télé et aux ondes FM, qui dans ses délires pousse un peu trop loin l'identification au personnage, jusqu'à confondre réalité et fiction.

Face à la caméra, comme de coutume dans les émissions de télé-réalité, Nathan nous décrit son talon d'Achille à travers les extraits de son journal. Entre les lignes, on déchiffre peu à peu le personnage, qui retourne sur les lieux marquants de son trouble pour une mise au point sur les zones de flou.

Bien entendu, ses détracteurs clameront que c'est un film égocentrique. Et ils auront raison. Mais, comme me l'a dit une fois Christian Michel, éminent professeur d'histoire de l'art à l'université de Lausanne, être mégalo, c'est le propre de l'artiste. Et avec ce film, justement récompensé par un léopardeau d'or, Nathan en devient un.
Dans une entreprise courageuse et pleine de générosité, le cinéaste parvient à se dévoiler sans pour autant être impudique, et surtout à nous émouvoir tout en rejettant toute condescendance, en faisant preuve de beaucoup de recul et d'une économie de moyen stupéfiante.

Alors, les jeunes réalisateurs suisses feraient bien d'en prendre de la graine, car il y a plus d'une leçon à tirer de ces 27 minutes de film sincère d'un mec tellement dévoré par sa passion qu'il en a perdu la raison.

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