Quand tu te rends compte
que les footballeurs sur le terrain commencent à être plus jeune que toi, tes
rêves d'enfance en prenne un coup. Tu dois admettre que tu deviens vieux, et
que tu ne gagneras jamais la coupe du monde. Trop tard, c'est foutu. Fallait
moins jouer à la console le mercredi après-midi.
Là, pour le coup, ça m'a
fait la même chose avec le cinéma : à 23 ans, Xavier Dolan sort son 3ème film
alors que je cire encore les bancs d'une école d'art, avec résolument aucun
avenir devant moi. Bon, tu me diras, c'est facile pour lui, avec un papa acteur
qui le fait jouer des pubs alors qu'il suçait encore son pouce, le mec est
tombé dedans quand il était petit. Et mine de rien, il a aussi la chance d'être
né au Québec. Parce que Dolan a beau râler comme quoi son premier film (J'ai tué ma mère) n'a pas
été tout de suite financé par la SODEC (Société
de développement des entreprises culturelles du Québec), il a quand même eu la
chance au bout du compte de se faire gracieusement payer son film par l'Etat,
ce qui serait bien plus difficilement envisageable en Europe ou aux USA.
Alors
oui, Xavier Dolan a eu du cul (il en faut toujours un peu), mais ça n'enlève
rien a son talent. Encensé par la critique, il n'est pas la coqueluche de
Cannes pour rien ! Même si ceux qui crient au génie vont un peu vite en
besogne.
Pour
moi, Dolan est juste un gamin doué, le reflet de la génération Y, capable de se
faire une culture cinématographique extraordinaire en un rien de temps grâce
aux bienfaits du téléchargement illégal.
Le
garçon a du mérite. Il déclare ainsi que c'est Mort à Venise (Visconti, 1971) qui lui a donné envie de se lancer dans
le cinéma, alors que c'est quand même
un des films les plus chiants de toute l'histoire du 7ème art.
Pourtant, malgré
certaines références un peu ronflantes (Wong Kar Wai notamment), les films de
Dolan sont loin d'être ennuyants. Au contraire, Dolan semble habilement tirer
les leçons des grands maîtres du cinéma pour développer un style personnel et
poétique, s'égarant volontairement en cours de route, s'emportant parfois dans
des élans surréalistes, proposant volontiers des innovations formelles, le tout
avec une étonnante facilité.
Cela
étant dit, Laurence Anyways (le sujet
de notre article à la base) me laisse quand même sur ma faim. L'histoire nous
réserve quelques moments magiques mais, au bout de deux heures, finit par
tourner en rond. Plutôt que de creuser la psychologie des personnages, Dolan se
contente de survoler la question et préfère nous en mettre plein la vue avec
des décors particulièrement soignés.
Le problème réside peut-être ici :
formellement, c'est génial, mais sur le fond, ça sonne un peu creux, sauf pour
les dialogues, qui révèlent un grand sens de l'écriture.
Et
même si les critiques parleront sans doute du film de la maturité, à mon avis
ses deux précédents longs-métrages étaient tout aussi aboutis. Tous trois parlent
d'amour à leur manière, dans tout ce que celui-ci peut avoir d'idiot et de
monstrueux. Et c'est là la véritable trouvaille de Dolan. Alors qu'Hollywood
continue de produire des films violents et gratuits, l'avant-garde est plutôt à
chercher du côté amoureux.
Avis
aux amateurs, salut !
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